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- Culture
Le réalisateur anglais Steve McQueen adapte les Mémoires de Solomon Northup, un homme libre enlevé en 1841 et retenu comme esclave en Louisiane durant douze ans.
ParJacques Mandelbaum
Temps de Lecture 2 min.

NETFLIX - À LA DEMANDE - FILM
Après Django Unchained, de Quentin «fuck history» Tarantino, et Lincoln, de Steven «God bless America» Spielberg, c’est au tour du Britannique Steve McQueen de réaliser un film touchant à l’esclavage. Son propos est plus âpre et plus réaliste que fabulesque ou apologétique.
12 Years a Slave est l’adaptation des Mémoires de Solomon Northup, un homme noir de 33ans vivant libre à Saratoga, dans l’Etat abolitionniste de New York, qui se fait enlever en avril 1841 par des «braconniers» sudistes et passe douze années de sa vie en captivité dans la Louisiane esclavagiste, avant de faire reconnaître son identité. La chronique pointilleuse d’une survie en milieu hostile, où tout est danger mortel, prétexte à châtiments et humiliations: le rendement quotidien de la cueillette, la protestation de la dignité, la marque d’intelligence, la tentative de fuite…
Lire l'entretien avec Steve McQueen: « Mon film est un appel aux armes contre ceux qui pensent que la liberté nous est donnée »
Un homme libre, bon citoyen et père de famille aimant, qui tombe du jour au lendemain en déchéance, réduit à un statut équivalant à celui d’une bête de somme, victime d’un système qui ne se justifie que par la ségrégation… C’est un peu l’histoire des Noirs d’Amérique prise dans la vision de Franz Kafka : la soudaine et péremptoire privation de votre liberté, l’implacable, cruelle et absurde logique d’un système conçu pour vous broyer.
Aliéner le corps d’un homme
De la grève de la faim d’un prisonnier politique de l’IRA (Hunger, 2008) à la chronique sexuelle d’un yuppie new-yorkais (Shame, 2011), McQueen fait toujours du corps de ses personnages, de l’épreuve charnelle dont ils sont porteurs, l’enjeu intellectuel et moral de ses films.
Son troisième long-métragemontre l’esclavage tel qu’il aliène d’abord le corps d’un homme, tel qu’il le prive de liberté, tel qu’il le stigmatise, tel qu’il l’humilie, tel qu’il le déchoit en un mot de son humanité. Simplicité biblique, si l’on veut, de ce projet, sauf qu’à bien chercher dans l’histoire du cinéma aucun film ne le mène réellement à bien tant il est radical.
Pari difficile qui consiste à retenir le spectateur durant plus de deux heures au plus près d’un héros incessamment martyrisé, au plus près des sévices qu’on lui inflige, et partant au risque de l’amertume saisissant le public à la vision de ce spectacle qui fait honte à la civilisation occidentale.
Lire aussi : "12 Years a Slave" : l'esclavage, une infamie qui broie les corps
Il y a ici un évident cousinage avec le projet d’Abdellatif Kechiche dans Vénus noire (2009), qui tenait tout entier sur la corde raide de l’exhibition et du voyeurisme, rendant délibérément intenable la position du spectateur. A sa différence toutefois, McQueen nous accorde le droit au romanesque en choisissant un sujet hors norme mais partageable par tous. Il fait de cette expérience une donnée suffisamment universelle pour rendre le public à son tour captif d’un récit mettant en scène une histoire aussi singulière que l’esclavage.
12 Years a Slave Film anglo-américain de Steve McQueen. Avec Chiwetel Ejiofor, Michael Fassbender, Benedict Cumberbatch, Paul Dano, Paul Giamatti (2 h 13). Netflix
Jacques Mandelbaum
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